Entretien
avec Mirian Méloua, rédacteur en chef des
Infos Brèves France Géorgie |
|
Quelle analyse vous inspire le rapatriement
de la sépulture du héros national géorgien
Kakoutsa Tcholokachvili effectué le 20 novembre 2005
de France vers Géorgie ?
Peut-être faut-il rappeler la personnalité de
l’homme, les évènements historiques auxquels
il a participé et les enjeux de pouvoir que ce rapatriement
provoque.
À propos du héros, une seule phrase suffit :
le Colonel Tcholokachvili s’est toujours soucié
de ses hommes. Après l’échec de l’insurrection
nationale de 1924, il organise leur exil vers la Turquie puis
vers la France ; il vit au milieu d’eux, il meurt au milieu
d’eux, est finalement inhumé à Leuville-sur-Orge
au milieu de certains d’entre eux (Alexandre Badourachvili,
Gabeau Berbitchavili, Rapho Eristhavi, Alexandre Kargaréthéli,
Mikheïl Lachkarachvili et David Révasichvili). On
peut difficilement croire qu’il aurait souhaité
rejoindre seul le Panthéon Mtatsminda de Tbilissi et
les laisser en France.
Les évènements historiques sont à l’image
de l’homme, dramatiques. L’insurrection contre l’occupation
par la Russie soviétique, établie par l’Armée
rouge en 1921, se déclenche en août 1924. L’Est
du pays voit les deux cents cavaliers de Tcholokachvili engager
les combats. L’Ouest du pays voit des milliers de partisans
se révolter. Certains responsables clandestins sont déjà
arrêtés. La coordination sur le territoire géorgien
est défaillante. Les armes et les munitions attendues
n’arrivent pas. L’Armée rouge, forte de son
artillerie, s'impose. Sept mille Géorgiens sont fusillés.
Le 20 novembre 2005, un vol spécial rapatrie la sépulture
du Colonel Tcholokachvili vers Tbilissi. Le lendemain des cérémonies
grandioses et fortement médiatisées se déroulent
à la cathédrale Sioni. Une plaque commémorative,
reprenant les noms de tous ces soldats oubliés et inhumés
loin de leur patrie, aurait pu accompagner symboliquement ces
évènements et être scellée au Panthéon
Mtatsminda. Aux dires des cabinets particuliers de Mikheïl
Saakachvili, président de la République et de
Nino Bourdjanadzé, présidente du Parlement, il
est bien dommage que cette idée ne leur ait pas été
soumise.
Pourtant les enjeux de pouvoir restent patents. Pour les uns,
le rôle de Tcholokachvili se serait limité à
celui d’un chef de guérilleros, l’insurrection
nationale géorgienne étant l’œuvre
du gouvernement en exil. Pour les autres, Tcholokachvili aurait
été le chef suprême de cette insurrection.
La révision de l’histoire est tentante quatre-vingts
années après ; un gouvernement exilé à
des milliers de kilomètres ne pouvait pas grand-chose,
seul ; deux cents cavaliers ne pouvaient pas grand-chose, seuls.
Il n’en demeure pas moins vrai que les opinions publiques
ont besoin de ces « images d’Epinal » qui
transgressent parfois la vérité historique.
Brève
biographie de Kakoutsa Tcholokachvili >>
Visiter le site Infos brèves
France-Géorgie >>
Propos recueillis par David Chelly, le 28
novembre 2005
|
IMPORTANT !
Cette version de Centreurope.org est présentée à titre d'archive et n'est plus actualisée.
Pour des informations à jour et renouvelées, veuillez consultez nos sites :
|