Henri-Louis Vedie, Directeur scientifique
des Masters Europe Centrale, H.E.C. PARIS |
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Votre ouvrage l'Europe des 25 offre un panorama complet
de l'Europe élargie. Quels en sont les principaux
développements ?
Dans l'EUROPE A VINGT CINQ, j'ai souhaité faire
connaitre, ou faire mieux connaître la veille d'un
vote décisif sur le projet de constitution européenne
la diversité mais aussi la richesse que constitue
l'union de 25 pays représentant aujourd'hui plus
de 450 millions d'habitants. |
Et pour cela nous avons privilégié cinq thèmes
permettant de l'identifier. L'EUROPE POLITIQUE introduit clairement
cette nouvelle entité, distinguant les tenants d'une
République parlementaire des tenants d'une Monarchie
parlementaire et opposant le monocaméralisme de certains
au bicaméralisme des autres. L'EUROPE DEMOGRAPHIQUE est
indispensable à la compréhension de sa réalité
économique et sociale. Même cette europe a en commun
celle de son veillissement, certains veillissent plus vite que
d'autres avec des conséquences qu'il faut anticiper.
L'EUROPE ECONOMIQUE est celle des contrastes entre une Europe
qui gagne (stabilité des prix, monnaie commune) et une
europe qui perd (endettement, déficit, chomage). L'EUROPE
INDUSTRIELLE permet de mettre en évidence les forces
et les faiblesses d'un marché unifié. Enfin l'EUROPE
SOCIALE est l'exemple des défis qu'auront à relever
les Etats menbres de l'Union, partagés entre l'existant
social de certains et le non existant social des autres.
Les pays d'Europe centrale et orientale
affichent depuis plusieurs années un différentiel
de croissance significatif par rapport aux pays d'Europe de
l'ouest. Comment l'expliquez-vous ?
C’est la même question que pose la croissance de
la CHINE et celle des Etats-Unis. Plus le niveau de développement
atteint est élevé, plus il est difficile d’atteindre
et de dépasser 3-4 points de croissance par an. A l’inverse,
dans les pays les plus pauvres, 3 ou 4 points de croissance
n’ont guère de signification, et de toutes façons
ne permettent pas de rattraper leur retard. Il est donc tout
à fait normal, et rassurant dans une certaine mesure,
que les taux de croissance des nouveaux entrants d’Europe
centrale et orientale aient un différentiel significatif
de croissance par rapport aux quinze de l’Europe de l’ouest.
Par contre, ce qui l’est moins, c’est le taux de
croissance très faible des quinze et le taux de croissance
insuffisant observé en HONGRIE et en SLOVENIE, sans oublier
celui de MALTE, inférieur à 1 point de croissance.
Les jeunes PME locales qui ont émergé
en Europe centrale et en Russie seront-elles en mesure de contester
les positions acquises par les grandes groupes français
et étrangers sur ces marchés ?
Question difficile, car les positions acquises, dominantes
ou non, dépendent davantage des structures de marché
(monopole, oligopole, concurrence etc.) que des niveaux de développement.
Ce qui est vrai, par contre c’est la capacité de
ces jeunes P.M.E. à concurrencer à leur avantage
les positions acquises par les grands groupes, français
et étrangers, sur ces marchés. En effet ,ces jeunes
P.M.E. disposent aujourd’hui de coûts salariaux
très avantageux, d’avantages fiscaux indéniables
etc., qui leur permettent d’être très compétitifs
en économie de marché concurrentielle. Tout dépendra
de la volonté des grands groupes à demeurer sur
ces marchés car ils ont les moyens d’attendre des
jours meilleurs, sachant que les faiblesses qui sont les leurs
aujourd’hui ne sont que passagères, l’harmonisation
des salaires et de la fiscalité étant une question
de temps, de longue période plus que de courte période
cependant. N’oublions pas non plus la possibilité
réelle des grands groupes de racheter ou de fusionner
avec ces P.M.E.
Si l'on en croit les indicateurs de pouvoir
d'achat, les pays d'Europe orientale et balkanique seraient
environ cinq fois plus pauvres que la France. Comment alors
expliquer les réussites telles que celle de Carrefour
ou d'Orange en Roumanie ?
Vous avez le même phénomène en RUSSIE ;
la référence aujourd’hui est la société
de consommation et l’économie de marché.
Avec la fin de l’expérience soviétique,
à partir des années 1990, ces nouveaux pays émergents
aspirent très rapidement à davantage de consommation
et davantage de choix, de diversité de l’offre.
Très vite des produits emblématiques de la société
de consommation, comme le téléphone portable,
vont connaître un grand succès. Et tout naturellement
la grande distribution suit. La véritable question est
celle pouvoir d’achat, et de son évolution, dont
disposent ces nouveaux clients. Pour cela, la grande distribution
va innover en proposant dans ces pays certes la diversité
,mais des produits différents de par leur origine de
fabrication, de par leur conditionnement, n’hésitant
pas à privilégier la production et la fabrication
locale. Et cela marche. En étant cinq fois plus pauvres,
et en divisant les couts par cinq, les prix de la grande distribution
ont bien intégré comme condition préalable
au succès le pouvoir d’achat local.
Propos recueillis par David Chelly.
Plus d'informations :
Henri-Louis VEDIE, Professeur d’Economie, Directeur scientifique
des Masters Europe Centrale - Groupe H.E.C. PARIS.
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