Kakoutsa Tcholokachvili est né dans la famille du Prince
Joseph Tcholokachvili dans le village de Matani (Kakhétie).
La famille de Tcholokachvili accordait un rôle important
à la vie politique et militaire. Il était le descendant
direct du Prince Bidzina Tcholokachvili, chef éminent
de la révolte contre la loi perse en Kakhétie
en 1654.
Après des études au lycée de Tiflis, Tcholokachvili
devient officier dans un Régiment de Dragons de l’armée
russe. Il épouse Nino Mégvinétoukhoutsessi
en 1913 et vit dans ses domaines jusqu'à la déclaration
de la Première Guerre mondiale.
Il combat l'armée austro-hongroise et est sévèrement
blessé en 1914. Le Prince Tcholokachvili est ensuite
transféré sur le front du Caucase comme commandant
d'une unité. Durant l'offensive ottomane, il défend
avec brio le fort stratégique du "Nid d'Aigle"
et est sérieusement blessé une nouvelle fois.
Après sa guérison, en 1915, il est envoyé
en Perse pour prendre le commandement de la Cavalerie géorgienne
sous les ordres du Général Baratachvili; il effectue
un raid en Mésopotamie et converge en 1916 avec le corps
expéditionnaire britannique.
En mai 1918, la Géorgie recouvre son indépendance
et le Colonel Tcholokachvili rejoint l'armée nationale.
Il prend part aux campagnes militaires de la Ière République
de Géorgie de 1918 à 1921. Il est nommé
adjoint au Ministre de la Défense en 1919.
En février 1921, la Russie soviétique envahit
la Géorgie. Les pouvoirs géorgiens doivent abandonner
la capitale Tiflis le 25 février et engager une retraite
vers l'Ouest. En mars, à Batoumi, le Parlement géorgien
demande au gouvernement de s'exiler pour continuer le combat.
Tcholokachvili refuse de quitter le sol national et organise
en mars 1922 une force de guérilla contre l’Armée
rouge. Le premier combat a lieu près de la ville de Signagui
en juin 1922. À l'été, Tcholokachvili et
ses partisans organisent une révolte paysanne dans les
montagnes de Khévsourétie. L'Armée rouge
brûle entièrement plusieurs villages en représailles,
Tcholokachvili s'échappe en Tchétchénie
voisine. Il revient en Géorgie en novembre et attaque
à nouveau. Son frère Simon est tué dans
une escarmouche. Les membres de sa famille sont arrêtés,
son beau-père est exécuté. Tcholokachvili
participe également à plusieurs actions en 1923.
À Tiflis, en 1924, un comité secret d'insurrection
s'est monté avec toutes les tendances politiques géorgiennes
; il est dirigé par K. Andronikachvili. Ce comité
demande le support du Gouvernement géorgien en exil à
Leuville-sur-Orge : un certain nombre de personnes reviennent
clandestinement en Géorgie, dont Noé Homériki
ancien Ministre de l'Agriculture et Bénia Tchikhichvili
ancien Maire de Tiflis.
Les partisans de Tcholokachvili combattent désespérément
et prennent la ville de Manglissi le 29 août, avant de
partir pour les montagnes de l'Est de la Géorgie : ils
attaquent dans la région de Douchétie, écrasent
les unités présentes de l'Armée rouge dans
le village de Svimoniant-Khévi le 3 septembre. Les nombreux
efforts pour le capturer personnellement sont vains. Tcholokachvili
a son dernier engagement à Khév-Grdzé en
Kakhétie à mi-septembre, d'où il réussit
à s'échapper en dépit des tirs d'obus de
l'artillerie soviétique appelée en renfort.
L'insurrection est globalement vaincue et durement réprimée.
Des milliers d'insurgés sont arrêtés, emprisonnés
à la prison de Métékhi, torturés
par la Tchéka ou exécutés. D'autres s'exilent.
Tcholokachvili fuit en Turquie avant d'émigrer en France.
Il décède le 26 juin 1930 de tuberculose à
Praz-Coutant (Haute-Savoie), et est inhumé le 5 juillet
au cimetière de Saint-Ouen après une cérémonie
religieuse à l’église orthodoxe Saint Etienne
à Paris. Sa sépulture est transférée
en 1972 dans le carré géorgien du cimetière
de Leuville-sur-Orge, auprès de celles d’autres
insurgés anonymes de 1924.
Par Mirian Méloua, le 28 novembre
2005
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